Uni Dufour Miyajima/Perlingeiro
Symphonie cosmique
A l'occasion du bicentenaire en 1997 de la banque Darier Hentsch & Cie, un concours artistique a été lancé, en collaboration étroite avec l'Etat de Genève. Il a ouvert le débat sur la question du bâtiment tant décrié qu'était Uni Dufour. Deux projets ont été récompensés parmi les 249 présentés : la Forteresse des Droits de l'Homme, par Tatsuo Miyajima, et le Projet Végétal, par Maria-Carmen Perlingeiro.
« A mon avis, le but de l'éducation est d'expliquer les droits de l'être humain afin de le protéger. C'est également un lieu où l'on doit apprendre l'harmonie et la communication entre les hommes car la connaissance n'a pas d'autre finalité. Il devrait en être de même pour l'éducation. Voilà pourquoi j'ai choisi les Droits de l'Homme dans le monde comme thème de ce projet.
Les compteurs que j'ai installés sur Uni Dufour sont constitués d'une surface réfléchissante qui renvoie l'image des environs de l'Université pendant la journée. Dès que la nuit tombe, les chiffres s'allument et commencent à défiler. 222 personnes que j'ai moi-même tirées au sort ont déterminé librement, le 24 juillet 1997, la vitesse de défilement de ces compteurs. Il y a ainsi 222 rythmes individuels qui sont inscrits pour toujours sur le bâtiment Uni Dufour. Les compteurs sont de deux couleurs : rouge et vert. Le rouge et le vert sont des couleurs complémentaires symbolisant l'opposition et la différence. Ces deux couleurs représentent l'harmonie de cette opposition et fonctionnent comme une critique de la discrimination qui peut exister entre les êtres humains.
Le bâtiment universitaire avec ces 222 compteurs compose un ensemble harmonieux, un peu comme une symphonie cosmique, un hymne à la victoire du principe des Droits de l'Homme. »
Le Projet Végétal
« C'est une mise en valeur de l'édifice par des transformations sur son contexte immédiat et mon intervention se décline, essentiellement, sur deux approches :
- établir un dialogue avec l'édifice et son environnement au moyen du matériau végétal
- donner les conditions d'une meilleure perception du bâtiment
Chaque espèce végétale a été choisie pour sa spécificité botanique et morphologique, et implantée dans le site où elle prendra son sens. C'est le temps qui rythmera l'aspect visuel du " Projet Végétal " : le temps nécessaire pour la croissance et l'épanouissement des végétaux et le temps cyclique des saisons. Donner les conditions de perception du bâtiment, c'est avant tout " faire de la place ". Au sens propre du dégagement de certains objets et au sens figuré de la création d'espaces-seuils manquants autour de l'édifice.
La place est un échange entre la concentration des études et le mouvement de la rue, un vide entre le plein végétal du Parc des Bastions et le plein minéral du bâtiment Uni Dufour. C'est le pouvoir d'un seuil : donner une sorte de respiration à un édifice. » Maria-Carmen Perlingeiro